La médecine esthétique est une discipline récente. Si l’engouement des patientes est monté en puissance ces dernières années, la réglementation n’a pas suivi, laissant ainsi prospérer les certifications de tout ordre, souvent au détriment du confort et de la sécurité des patients. En un mot, c’est l’anarchie!
Comment savoir si mon médecin esthétique est apte et autorisé à me suivre? Est-ce qu’un diplôme, c’est suffisant?
Vous trouverez dans cet article une information présente nulle part ailleurs: les clichés en la matière sont nombreux (« plus il y a de diplômes, mieux c’est ») et la plupart des médecins sont réticents à avouer ces ficelles du métier aux journalistes. Seule une immersion critique dans ce milieu m’a permis d’arriver à ces conclusions…
Un diplôme, c’est bien, mais ni obligatoire, ni suffisant!
La médecine esthétique n’est pas une spécialité reconnue par l’académie de médecine. Tout médecin peut se présenter de manière informelle comme « médecin esthétique », à partir du moment où il pratique au moins une catégorie de soin de médecine esthétique. Seule condition: être titulaire d’un diplôme d’état en médecine générale. C’est légalement suffisant pour par exemple, injecter de l’acide hyaluronique.
Ainsi, la formation des médecins esthétique n’a pas de réelle nécessité légale. Elle est une initiation nécessaire, mais pas suffisante. C’est la pratique qui confortera ou pas le médecin esthétique débutant.
Le diplôme universitaire (DU) ou le diplôme interuniversitaire (DIU) spécialisé permet aux médecins généralistes ou dermatologues de mettre le pied à l’étrier. Par la suite, ils confortent cette initiation par une formation continue et surtout par leur pratique courrante ou non de ces soins.
Ainsi, un lasériste pourra avoir passé un diplôme interuniversitaire de lasers médicaux, complété par une formation offerte par un fabriquant de lasers.
Un médecin injecteur aura passé un diplôme universitaire d’injections et assisté régulièrement à des workshop (ateliers de formation organisés par les laboratoires).
Halte aux diplômes-collectors!
Certains médecins cumulent les formations, pensant ainsi renforcer leur crédibilité. Ils oublient que leurs savoirs doivent être confirmés par la pratique. Une analogie avec votre vie: du CM2 à la terminale, vous avez fait 8 ans d’anglais. Et depuis près de vingt ans, vous avez tout oublié, faute d’avoir pratiqué!
Bien souvent, les médecins affichent fièrement de nombreuses « attestations de présences » ou « certifications » dans leur salle d’attente, espérant éblouir leur patients. Là aussi, prenons du recul! La plupart des certifications sont délivrées par des organismes de formation privés, en échange de frais d’inscription faramineux (de 500 à 10 000 euros par diplôme). Dans ces conditions, quelle est l’indépendance des formateurs, juges et partis?
Enfin, bien souvent, les laboratoires délivrent des « attestations de présence » pour valider l’assistance du médecin à un workshop, séminaire, atelier,… Si les thèmes qui y sont traités sont intéressants, et exposés par des formateurs de haut niveau, le mérite de l’élève se limite à son assiduité et à son potentiel à acheter de coûteuses machines (un laser vaut entre 50 et 100 000 euros!).
Bref, si la formation initiale de votre médecin est un gage de sérieux, fiez-vous plutôt à d’autres critères pour juger de sa compétence et de sa fiabilité.
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